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Lauréat·e·s du prix Jean-Hippolyte Guignard
2021 — Karl Beaudelere
Karl Beaudelere
Karl Beaudelere est originaire de Marseille. Il a adopté son patronyme en l'honneur de Charles Baudelaire à qui il voue une profonde admiration. La lecture de ses poèmes lui fait penser que Baudelaire était comme lui un écorché. D'ailleurs, Karl s'est composé un carré magique constitué des dates de naissance et de mort du poète, de la sienne et de sa date de "je ne sais quoi", le 15 juin 2011. Depuis quelques années, il signe également ses oeuvres de "KXB7".
Karl veut être artiste ; il dessine, peint au pochoir les murs de sa ville et fabrique des sculptures en plexiglas sérigraphié. En 2011, il réalise ses premiers autoportraits au stylo bille. En 2013, il rencontre Françoise Monnin, rédactrice en chef de la revue Artension. C'est le début d'une collaboration qui mènera en 2015 à sa première exposition à la Galerie Hervé Courtaigne à Paris. A ce jour, l'artiste y est toujours représenté.
La Fondation Guignard a tenu à récompenser et soutenir cet artiste talentueux, attachant et hors du commun. Lequel, pour exprimer sa gratitude, a fait un don important de dessins à la Collection de l'Art brut qui l'avait déjà dans ses collections et avait présenté quelques unes de ses oeuvres à l'occasion de l'exposition "Acquisitions 2012-2018".
L'autoportrait dans l'oeuvre de Karl Beaudelere
Le portrait, et plus particulièrement l'autoportrait, le reflet spéculaire, la magie du regard, est un genre fascinant qui se réinvente dans la représentation figurative depuis la Renaissance. Karl Beaudelere s'inscrit dans cette histoire par une nouvelle et singulière interférence de la peinture et du miroir, et par un questionnement pictural de cet objet paradoxal qui se dérobe à l'objectivation.
Il s'engage corps et âme dans une aventure artistique sous tension, qu'on pourrait caractériser comme un courant alternatif entre l'hyperobjectivité et l'exorcisme, entre l'Art Brut auquel on a été tenté de l'apparenter et l'art contemporain, entre la singularité de son expérience intérieure et l'universalité de sa formulation graphique. Une telle expression ne peut s'accomplir sans l'élaboration d'un langage figuratif original, d'une virtuosité paradoxale, affranchi des recettes mimétiques, mais d'autant plus expressif.
Est-ce par choix ou par pénurie qu'il pratique presque exclusivement le stylobille ? Le cas échéant, il fait de nécessité vertu: il se sert du trait non pas comme d'une délimitation figurative mais comme d'une ligne mélodique qui revient obsessionnellement sur elle-même jusqu'à générer comme par magie l'irreprésentable, une ligne qui ne définit pas mais qui libère, ou qui dé-visage. (Michel Thévoz)
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